Par le Docteur Francis Mauras

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Si dans la petite enfance le gaucher peut s’exprimer sans contrainte dans son milieu familial, à l’école il risque de se heurter à des invitations contrariant son schéma neurologique. L’enseignant impose à l’élève et peut ne pas faire l’effort d’enseigner selon un schéma inversé. Il peut en résulter des troubles du comportement : irritabilité, colères, repli sur soi, dyslexie, dysorthographie avec inversion des syllabes et des lettres, élocution difficile, maladresse gestuelle.

Je peux par cette publication dévoiler qu’il est possible de déceler la latéralité de l’enfant dès sa naissance par un signe clinique précoce : le signe de la mèche occipitale. A la naissance on peut observer dans la région pariéto-occipitale une petite zone alopécique de laquelle part une mèche arciforme qui, chez un droitier se dirige vers la droite —-et se dirige vers la tetesgauche chez un nourrisson qui sera gaucher. Sur le crâne de certains nourrissons, on peut observer cette particularité de façon symétrique mais la direction de la mèche arciforme a le même sens.
Ce signe a été confronté aux résultats des autres signes cliniques sollicités au cours de la croissance de l’enfant en trois phases :
– de la naissance à l’entrée à l’école- à 6 ans
– de 6 ans jusqu’à 18 ans (scolarité)
– après 18 ans, maturation acquise ; bilan recueilli après une patiente et nécessaire longue observation. Il n’a pas été démenti tout au long d’une étude démarrée en 1967, terminée en 1991, qui a porté sur un lot de nourrissons présumés gauchers, d’effectif suffisant plus difficile à constituer ; d’un lot de nourrissons présumés droitiers; également un lot d’adultes écrivant avec leur main gauche qui ont été confirmés ou désavoués par les tests.

Auparavant nous disposions de trois signes éprouvés :

• l’œil directeur
• la main qui saisit ou ramasse l’objet placé à mi-chemin sur l’axe observateur enfant-
• le pied qui tape dans le ballon

Cette sémiologie s’enrichit de l’apport de plusieurs signes personnels à savoir :

• Le signe du doigt sucé.
• Le signe du biberon tenu (main droite, main gauche) Le nourrisson fait le choix de la main qui soutient le biberon.Quand il réclame biberon ou jouet, il tend la même main.
• La main qui porte la cuillère à la bouche. Pour que ce test soit d’interprétation pure, il est nécessaire de placer une cuillère de chaque côté de l’assiette pour que l’enfant exerce son choix. Ce serait une erreur de planter cette cuillère dans les aliments à droite ou à gauche de l’assiette pour provoquer sa prise par la main proche.
• Le signe de la phalangette du médius : En opposant la face palmaire des deux médius en veillant à ce que les plis P1-P2 et P2-P3 se fassent rigoureusement face on note que l’une des phalangettes est plus longue que l’autre. Le Médius le plus long désigne la latéralité.
• Le signe du trait horizontal et soulignement. L’enfant gaucher ne voit pas ce qu’il a écrit puisque sa main masque. Il souligne de droite à gauche. Le droitier souligne de gauche à droite et peut ainsi relire ce qu’il a écrit et corriger.
Pour conclure à une latéralité dominante, naturelle, il faut que la somme des tests montre une grande concordance. Tout test déviant devra, être répété plusieurs fois pour le qualifier. Ces signes enregistrent la préférence instinctive ou la différence mesurable. Nous avons donc à notre disposition dès l’âge de trois ans un faisceau de huit signes permettant de définir efficacement la latéralité de l’enfant avant l’apprentissage de l’écriture.

Chez l’adolescent et l’adulte jeune tardivement testés au moment du choix d’un métier, pour vérifier l’habileté gestuelle on retiendra :

• l’œil directeur,
• le signe de la mèche occipitale,
• le signe du médius,
• le signe du trait.

J’émets le souhait que cette grille sémiologique puisse être mise en œuvre dès la naissance pour définir au mieux la latéralité de l’enfant, pour dépister précocement les gauchers afin de protéger leur développement psychomoteur pour un épanouissement profitable. Je propose cet article aux parents, enseignants, médecins pour les aider dans leur engagement. Les pages du carnet de santé réservées au développement psychomoteur de l’enfant pourraient utilement profiter de ces nouveaux éléments de différenciation.

Francis Mauras – Médecin généraliste (retraité).

Cet article  « Gaucher ? Droitier ? L’affirmer dès la naissance » a été publié sur le site publiscience en décembre 1992.

lesGauchers

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2 commentaires

  1. Bonjour Kris, je viens de découvrir que mon fils de 7ans est droitier contrarié, avez vous eu des informations?
    Merci

  2. Bonjour je suis papa d’un fils de 8 ans et j aimerai avoir le maximum d informations sur les droitiers contrariés.
    Merci

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