Article paru sur le site Peaches

Les gauchers vivent-ils vraiment moins longtemps que les droitiers ? La vérité derrière ce mythe persistant depuis les années 90.
Les gauchers vivent-ils vraiment moins longtemps que les droitiers ? Une étude de 1991 avait semé le doute, mais des recherches récentes révèlent une autre vérité.

Des générations entières ont grandi avec une idée tenace : les gauchers mourraient plus tôt que les droitiers. L’argument choc venait d’un chiffre répété partout dans les années 1990, un écart moyen de neuf ans entre les deux. De quoi inquiéter les familles… et relancer toutes sortes d’explications.
On a parlé d’outils faits pour la main droite, de risques d’accidents en hausse, même de fragilités neurologiques. Et pourtant, quand on regarde de près comment ces travaux ont été menés, l’histoire est bien différente. Sauf que ce chiffre cache un piège.

Gauchers et espérance de vie : d’où vient le mythe ?
En 1991, deux chercheurs américains publient une étude sur environ 2 000 personnes concluant que les gauchers auraient une espérance de vie moyenne de 66 ans, contre 75 ans pour les droitiers. Le résultat, spectaculaire, a été largement repris. Les auteurs avaient comparé le nombre de décès chez gauchers et droitiers, et l’âge au moment du décès. Sur le papier, la différence frappait les esprits.
Sauf que l’échantillon comportait un biais de taille. Les personnes étudiées étaient nées entre les années 1950 et 1970, à une époque où être gaucher était mal vu. À l’école, on forçait souvent les enfants à écrire de la main droite. Beaucoup de soi-disant droitiers étaient en réalité des gauchers contrariés. Ils ont été comptés comme droitiers alors qu’ils ne l’étaient pas, et ils appartenaient parmis les cohortes plus âgées. De l’autre côté, les “vrais” gauchers étaient plus jeunes, car on laissait davantage la main naturelle s’exprimer. En ne regardant que des personnes décédées, l’étude a mécaniquement gonflé le nombre de morts chez les plus âgés… donc chez les “droitiers”.Gauchers vs droitiers : ce que montrent les études fiables
Trois ans plus tard, en 1994, une nouvelle étude a remis les choses au clair : être gaucher ne diminue en rien l’espérance de vie. Depuis, cette conclusion est largement partagée dans la communauté scientifique. Les théories avancées pour “expliquer” l’écart de 1991 ne tiennent pas non plus quand on les teste sérieusement.
• Le monde pensé pour les droitiers aurait exposé les gauchers à bien plus d’accidents, jusqu’à cinq fois plus de risques de mourir dans un accident selon certains. Aucune preuve solide ne confirme cette affirmation.
• Des fragilités neurologiques ou immunitaires auraient augmenté la mortalité des gauchers. Là encore, aucune démonstration robuste.
• Le mélange entre “droitiers” et gauchers contrariés a surtout créé une illusion statistique, amplifiée par le fait de ne considérer que des personnes décédées.
Concrètement, aucun lien direct et fiable n’a été établi entre le fait d’être gaucher et une durée de vie plus courte. Les différences observées par le passé venaient de méthodes inadaptées et d’un contexte social où l’on rééduquait les enfants à utiliser la main droite.

Pourquoi devient-on gaucher ?
La préférence manuelle se met en place tôt, souvent avant 4 ans. Elle s’ancre dans l’organisation du cerveau : l’hémisphère droit contrôle la main gauche, et l’hémisphère gauche la main droite. Chez environ 85 % des personnes, l’hémisphère gauche domine, ce qui explique la majorité de droitiers. Ce n’est pas un choix conscient, mais le résultat d’un développement neurobiologique, avec une part de génétique en toile de fond.
L’environnement compte aussi. Au début du XXe siècle et jusqu’aux années 1970, beaucoup d’enfants gauchers étaient “corrigés”, ce qui a augmenté artificiellement le nombre de droitiers déclarés. Aujourd’hui, on laisse les enfants utiliser leur main dominante. Résultat, on observe simplement ce qui est naturel, sans pression scolaire, sans rééducation forcée et sans biais sur la longévité. Les mythes sur l’intelligence supérieure ou la maladresse des gauchers suivent le même chemin : séduisants, mais non démontrés.

EN BREF
• En 1991, une étude a suggéré que les gauchers vivaient 9 ans de moins que les droitiers.
• Des recherches ultérieures ont révélé que cette différence était due à des biais méthodologiques.
• Aujourd’hui, aucune différence significative d’espérance de vie n’est prouvée entre gauchers et droitiers.

Article publié le 30 Oct 2025 par La Rédaction du site Peaches