Hérédité et génétique

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Est-on gaucher de père en fils ? On rencontre des familles entières de gauchers. Parfois le phénomène saute une ou plusieurs générations. Ces cas familiaux ne sont pas fréquents, mais ils existent.
Le « bon sens » nous inciterait à penser que l’hérédité joue un rôle dans la propagation de la gaucherie. Selon Alain Galobardès (fondateur de ce site) « être gaucher ce n’est pas héréditaire mais on l’est de père en fils ». Pour suivre ce « bon sens », encore faudrait-il qu’il ne soit pas en totale contradiction avec la rigueur scientifique. Ce qui ne semble pas être le cas si on analyse ce qui suit.
Extrait de l’étude L’enfant gaucher par Jenny Roudinesco [1]: « Ce tableau démontre de manière indiscutable le rôle de l’hérédité, il a été établi par Chamberlain d’après l’interrogatoire, à l’aide d’un questionnaire, de 12.068 sujets ».

tableau-chamberlain1] Jenny Roudinesco (1903-1987) plus connue sous le nom de Jenny Aubry est un médecin des hôpitaux, pédiatre, neuropsychiatre et psychanalyste française, qui a réalisé un travail pionnier sur les effets négatifs de la carence de soins maternels chez le jeune enfant et participé à l’essor de la psychanalyse des enfants en France.

Le rôle hormonal
L’influence hormonale est en partie à l’origine de la latéralisation cérébrale. Un taux élevé de testostérone incite le cerveau humain à s’organiser de façon asymétrique. Il favorise le développement de l’hémisphère droit, celui qui est dominant chez le gaucher. Cette stimulation concerne plus particulièrement les fonctions motrices. Cette hormone agit donc sur l’hémisphère droit pour en faire le lobe moteur dominant.
A cet égard, il est classique de se référer aux travaux du professeur A.M Galaburda directeur du laboratoire degalaburda neuro-anatomie à l’hôpital Beth Israel de Boston. Il montre, en 1987, qu’habituellement un cerveau humain est asymétrique dans ses structures. Il émet avec N. Geschwind, et avant confirmation par Simonds et Scheibel (1989), l’hypothèse que chez les gauchers l’hémisphère cérébral droit mature plus vite que le gauche et que ce processus se poursuit après la naissance.
Au final, il n’y aura pas concordance entre l’asymétrie fonctionnelle d’origine endocrine et la symétrie de structure anatomique qui caractérise le gaucher. Chez le gaucher cette asymétrie de structure n’est pas retrouvée. Elle est également moins marquée chez la femme. On pourrait donc trouver ce dernier fait contradictoire avec la thèse de Galaburda puisqu’en raison de son profil hormonal la femme devrait être à l’opposé des incitations émanant d’hormones mâles. Rien n’est très simple avec un cerveau humain.
C’est ainsi que les fonctions intuitives du gaucher restent, comme pour le droitier, dévolues au lobe droit. Il est probable que telle ou telle fonction latéralisée dans un lobe cérébral prédisposera à une latéralisation. Ces données peuvent expliquer les différents types de gauchers.
D’autre part, les flux hormonaux prénataux ne sont pas forcément reproduits ensuite. Rien n’indique que cette testostérone garde un taux élevé post-natal chez les gauchers et déterminerait chez eux un tempérament actif, voire guerrier. Au contraire, le profil comportemental des gauchers semble être plus incitatif à la réceptivité qu’à l’agressivité.
Quoi qu’il en soit, faire appel à une origine hormonale n’exclut pas un facteur génétique dont elle dépendrait de toute façon.

10 à 17% d’enfants seront gauchers si un seul des parent l’est, 46% quand les deux parents le sont.

Les arguments prénataux
– Anatomique : Lacreuse (1994) démontre la possibilité d’établir, dès la 29ème semaine de gestation, la latéralité future de l’enfant à naître. Il se base sur les différences anatomiques cérébrales analogues à celles observées chez l’adulte.
– Gestuel : pour Hepper, 85% des fœtus semblent « droitiers » car ils bougent leur bras droit plus que leur gauche. (P.G. Hepper, Handedness in the human fetus. Neuropsychologia 1991).
– La position fœtale : On a également invoqué la position fœtale in utero. C’est la même pour une majorité de fœtus. Ainsi, une oreille serait orientée vers l’intérieur et stimulée par les bruits internes de la mère, l’autre, orientée vers l’extérieur, serait stimulée par les sons ambiants. Ce phénomène déterminerait le développement cérébral.

Les jumeaux homozygotes
jumeau 100
Donc, la génétique déterminerait un type de cerveau certes, mais si celui-ci n’est pas fortement orienté, le facteur éducatif pourrait emporter la décision finale.
A moins que ce ne soit la position fœtale, évoquée ci-dessus, différente chez les 2 fœtus, qui expliquerait cette disparité. Organicité n’est pas synonyme de génétique.
Les lois de Mendel sur la répartition des caractères physiques hérités tout au cours d’une lignée généalogique, ne sont pas repérables dans une société qui fausse leur observation en contrariant les gauchers. En ce qui concerne donc la répartition des gauchers dans une population donnée, ces lois de Mendel seront peut-être mieux vérifiables à l’avenir ?…
La tendance à engendrer une famille de gauchers
trouverait sa force au-delà d’une simple incitation familiale.

lesGauchers

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