La main dans un sac

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157-AC’était hier… Et pour éviter que ce soit demain, il n’est pas inutile de rappeler que nos parents ou grands-parents ont été victimes de quelques pratiques “contrariantes” et même “traumatisantes” pour certains.

Grâce à vos témoignages on peut apprécier l’ingéniosité déployée pour les empêcher d’utiliser leur main préférentielle (la gauche) :
Sylvette : « la main dans le dos attachée par la manche du tablier avec une épingle »
Hervé : « un pansement sur sa main gauche »
Grégoire : « la main dans un sac »

Aujourd’hui ces usages nous semblent bien lointains et tout le monde de penser que les gauchers ne sont plus “contrariés”.
Sauf que :
– Florence (21 octobre 2005)

[…]Je souffre beaucoup d’être gauchère contrariée. J’ai 24 ans et malheureusement il est arrivé la même chose à une de mes cousines qui n’a pourtant que 10 ans[…]
Ou bien : Sophie (19 octobre 2005)
Mon fils de 7 ans gaucher et 2 de ses camarades de classe (ce1) se font sans cesse réprimander et punir (pas de récré ou sport) par leur instit pour cause d’écriture trop lente. L’année passée l’instit (une autre) faisait beaucoup de polycops et travaillait avec des fichiers et Matthieu faisait parti des meilleurs, mais cette année il passe son temps à recopier et il est découragé voire dégoûté.
Et encore :
– koizumi (19 octobre 2005)

Né en 1973, je suis un gaucher « contrarié », soit disant pour soigner un problème de dyslexie… ma première fille semble avoir une prédisposition pour la main gauche, mais ma femme s’obstine à vouloir la corriger. étant Japonaise(le Japon « lutte » contre les gauchers).

Les méthodes ont changé : on n’impose plus, on suggère !
Le résultat obtenu ne sera pas meilleur pour autant.
On veut résoudre un problème en ajoutant une difficulté supplémentaire !
Que vous soyez parents ou que votre profession vous amène à prendre en charge un enfant gaucher, même si celui-ci a quelques difficultés, soyez persuadés que le contrarier ne résoudra pas ses problèmes et ne cherchez pas de témoignages de gaucher contrarié et pleinement satisfait de l’être nous n’en avons jamais reçus !

Nous recevons plutôt des témoignages comme celui-ci :
Ève (04 novembre 2005)
J’ai découvert avec joie votre site et je voudrais apporter mon témoignage surtout pour ceux qui n’auraient pas encore conscience des dégâts occasionnés par la contrariété de l’écriture des gauchers.
Fille d’un gaucher et d’une gauchère, je suis née à une époque où écrire avec la main gauche était considéré par ma mère comme « honteux », comme une « anomalie » à cacher. Or l’écriture est le domaine où le gaucher se révèle le plus au monde, où ça se voit le plus clairement. Constamment harcelée j’ai craqué au CM1 et j’ai appris à écrire avec la main droite, ce que j’ai parfaitement réussi à faire.
J’ai toute ma vie fait des pathologies à gauche, à chaque fois je n’ai pas entendu le message que mon corps m’adressait. Et pourtant j’en ai fait une bonne vingtaine. La dernière, celle qui m’oblige à être en arrêt de travail depuis presque un an m’a ouvert les yeux et permis un travail intérieur pour me libérer de ce fardeau et ne plus obliger mon corps à m’exprimer sa désapprobation. Fait étonnant puisque je réécris avec la main gauche maintenant, l’écriture au début était celle que j’avais au CM1 et non comparable à celle de la main droite comme si elle était restée là où je l’ai abandonnée et au fur et à mesure que le temps passe, elle change pour devenir plus « adulte ».
J’ai encore une interrogation non résolue, quelle sera la réaction de ma mère quand elle verra que j’écris avec la main gauche. Comme quoi on a vraiment du mal à se libérer d’un pareil traumatisme, il n’y a pas d’autres mots ! Longue vie à ce site, amicalement.

Le Quid 2005 plaçait les gauchers dans la rubrique
“médecine quelques anomalies et malformations”.

quidOn entend toujours « Il se débrouille bien pour un gaucher » ou « quelle belle écriture pour un gaucher » ce qui donnent une idée sur la façon dont-ils sont encore perçus et de l’énorme travail de communication qu’il reste à faire pour tordre le coup à ces idées reçues… et aux nouvelles qui pourraient être générées par des études que l’on peut découvrir en surfant sur le net.

Alain Galobardès

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Un commentaire

  1. Bonjour,

    Bravo pour cette chronique,oui que de chemin parcouru ….mais ce n’est pas encore terminé.
    Par exemple :pourquoi obliger, encore de nos jours, un enfant gaucher à écrire au stylo plume ? etc

    Joyeuse Fête à tous les gauchers.

    Amicalement

    Pascale

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